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22 mars 2011 2 22 /03 /mars /2011 20:09

Winter's Bone, réalisé par Debra Granik

http://www.filmcritic.com/assets_c/2010/06/Winter-cropped-proto-filmcritic_reviews___entry_default.jpgLa brise Sundance conintue de souffler. Malgré le relatif échec de la révolution du cinéma indépendant des 90's, une poignée de réalisateurs novices parvient encore à s'extraire du rouleau compresseur hollywoodien, livrant de véritables bijoux à la fois personnels et maitrisés. Debra Granik, réalisatrice débutante (Winter's Bone est son deuxième film) parle ici de ce qu'elle connait : une femme se battant contre un monde dominé par les hommes. 

À 17 ans, Dolly est responsable de ses jeunes frère et sœur et de leur mère invalide. Après avoir appris que son père avait mis leur maison en caution, elle se lance à sa recherche. Il souffle sur Winter's bone un vent de pureté, que ce soit dans la façon dont les enjeux dramatiques sont amenés ou dans la mise en scène. Sous des airs de thriller initiatique, le film se révèle rapidemment être le simple portrait d'une femme. Face au monde. Assez proche d'une Rosetta avec cette caméra qui s'accroche à son actrice (Jennifer Lawrence, magnifique révélation), embélie par une légère touche malickienne pour ce qui est de filmer les grands espaces américains (magnifiquement photographiés par Michael McDonough), bien que Granik soit moins dans la contemplation extatique et plus dans le jeu de l'espace autour des corps. 

Et si au départ Winter's Bone apparait comme relativement mineur, il dévoile peu à peu sa force dramatique et lyrique, jusqu'à atteindre une intensité émotionnelle bien au dessus de la production moyenne actuelle.

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22 mars 2011 2 22 /03 /mars /2011 19:51

Black Swan, réalisé par Darren Aronofsky

http://www.silence-action.com/wp-content/uploads/2010/12/black-swan-2.jpgOn dit d'un réalisateur qu'il refait toujours le même film. Une nouvelle génération de cinéaste tend à prouver le contraire : on les appelle entre autres David Fincher, Steven Soderbergh ou encore Darren Aronofsky. Chez eux, la mise en scène s'adapte au sujet, et non l'inverse. Après avoir utilisé un imaginaire publicitaire et clipesque pour montrer la décadence liée à la drogue (Requiem for a dream) puis porté sa caméra à l'épaule style Dardenne (The Wrestler), Aronosfky lorgne cette fois avec Black Swan du côté de Cronenberg et l'une des thématiques chères au cinéaste canadien : le corps comme reflet de l'esprit et l'esprit comme reflet du corps. 
On comprend rapidement les enjeux du film et le désir de transposer le célèbre ballet du Lac des cygnes. Nina, danseuse étoile, est contrainte d'affronter la part sombre d'elle même afin d'accéder au rayonnement et à l'amour. A la fin du film elle accepte cette part d'ombre et parvient alors à devenir femme, montrant le besoin de dualité chez l'homme.
Si Black Swan peut paraitre "a fortiori" redondant et dénué de toutes subtilités, ce n'est pas dans sa démarche analytique qu'il faut l'appréhender, mais dans l'imaginaire du conte. Car Aronofsky marie extrêmement bien l'ultra symbolisme du film (parfois exagéré il est vrai) et la viscéralité de sa mise en scène. Black Swan peut être donc presque vu comme un exercice de style, une façon (à l'instar de Requiem for a dream) de créer un film totalement subjectif, à la première personne. Il semble que l'on ne peut aimer le film en ne rentrant pas totalement dans le jeu dicté par le réalisateur, en restant à distance. 
Version Aronofskyenne de La Mouche, Black Swan est une expérience qui prend aux tripes, certes pas dénuée de tout défaut, mais suffisamment brillante pour plaire un adepte du "cinéma sensoriel" où la mise en image prend la pas sur une réflexion, ici assez poussive.

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22 mars 2011 2 22 /03 /mars /2011 19:41

127 heures, réalisé par Danny Boyle

http://globecine.net/wp-content/127-Heures2.jpgDanny Boyle a souvent eu le syndrome de la coquille vide. Grand enfant de la génération télévision, le réalisateur britannique a toujours été proche du grand film clipesque, au fond la plupart du temps inintéressant, quand il n'est pas absent. Mais son énergie sur-vitaminée derrière la caméra connait toutefois une belle adéquation quant il s'agit d'un sujet un tant soit peu subversif (Trainspotting) ou d'une vraie expérience de cinéma - privilégiant l'exercice de style au scénario. C'est le cas de 127 heures. 
Au départ c'est une histoire incroyable. Aron Ralston, un alpiniste américain se retrouve coincé dans une crevasse pendant six jours et cinq nuits, avant de réussir à survivre en s'amputant le bras droit. Mais avant d'être incroyable, il s'agit d'une histoire vraie. 127 heures joue sur l'anti-tragédie, où le spectateur connait le sort (heureux donc) du personnage. Boyle ne tombe donc pas dans le piège du film à suspense, et lui préfère la quête spirituelle. On retrouve donc un des thèmes chers au cinéaste, celui de l'être humain banal devenant un héros (28 jours plus tard, Slumdog Millionaire). 
On flaire rapidement ce qui pourrait être une fausse bonne idée. Surtout pour le cinéma. 127 heures est en effet une sorte de huis clos comprenant un seul personnage, face à ses anges et ses démons. Et heureusement que Danny Boyle est un réalisateur d'une grande intelligence, nous montrant ici une palette de sa superbe mise en scène. Split-screen, montage nerveux, invention visuelle constante, recherche plastique, on est dans le film subjectif, qui privilégie l'expérience brutale. 
127 heures est une sorte d'énorme palette d'idées, un sujet en or pour un réalisateur comme Dany Boyle - l'alpiniste des images.

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22 mars 2011 2 22 /03 /mars /2011 19:22
The Social Network, réalisé par David Fincher
http://s.excessif.com/mmdia/i/82/7/the-social-network-5-10323827skage_1798.jpgAprès Fight Club en 1999, David Fincher tient ici son deuxième film générationnel : The Social Network. En 2003, un étudiant pirate le système informatique de l'Université de Harvard pour créer un site, une base de donnée de toutes les filles du campus. Quelques pirouettes scénaristiques plus tard, et le dénommé Mark Zuckerberg invente le désormais célèbre Facebook.
Monté comme une tragédie grec, avec une mise en parallèle entre les différents procès de droits d'auteurs et la création de l'entreprise, le film est une sorte de pamphlet très noir sur notre société actuelle et ses dérives. Sans surprise, The Social Network traite du consumérisme, de notion d'identité et de sa déshumanisation, de l'amitié aussi - de ses forces et de ses faiblesses, de la lutte du pouvoir, de l'avidité et de la cupidité. Un bon panier à salade donc, contenant à peu près tout les ingrédients qui forment un être humain aujourd'hui. Que le système forme. 
Certains taxeront le film de peu subtile. Et il auront raison (un peu). Mais c'est intentionnel, et forcément brillant de la part de Fincher. La mise en scène et le montage, très épileptiques, contribuent à une montée paranoïaque constante chez le spectateur qui a le sentiment d'être sans cesse épié, cerné et manipulé par les images. Une sorte de double discours sur la puissance des images, et de la société actuelle. L'individu ne possède aucun répit, tout va toujours trop vite, tout change - les idées, la mode, les conventions. On se sent en permanence contrôlé - ici par le réalisateur - sans savoir comment. 
Bel objet de réflexion, possédant un modèle de narration et brillamment mis en scène, The Social Network est une pépite de plus à la filmographie très éclectique de David Fincher, un réalisateur qui sait capter l'esprit d'une génération pour le transposer sur grand écran.
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