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1 octobre 2012 1 01 /10 /octobre /2012 15:10

  http://www.independencia.fr/revue/IMG/jpg/dark_horse_generique.jpg       

            Sorti de nulle part avec sa coiffure improbable et ses yeux d’alien, Todd Solondz est en réalité un des cinéastes les plus sujets à polémique aux Etats-Unis. Issu de l’école indépendante des années 90, il réalise en 1995 Bienvenue dans l’âge ingrat qui lui vaudra le grand prix au festival de Sundance, et, déjà, Solondz trouve un style singulier qui ne le quittera plus : univers « cyniquo-pop », personnages marginaux et critique acerbe de la classe moyenne américaine. Mais c’est avec Hapiness, sans doute son meilleur film, que le réalisateur fait réellement bouillir la marmite. Brulot glacial contre le rêve américain en forme de film choral, Hapiness regarde de façon insolente ses personnages se détruire dans leur vice au sein d’une société en perte de morale ; symbole d’un pays en pleine névrose derrière le spectre de son drapeau qui flotte, encore et toujours.

 

          Après une petite traversée du désert et des films fait un peu trop par-dessus la chaussette (trop de bavardage et pas assez d’attention en cours), Solondz, qui partage sa vie entre metteur en scène et professeur de cinéma, revient avec un nouvel OVNI : Dark Horse. L’histoire d’un geek de 30  ans, Abe (formidable Jordan Gelber) qui s’éprend d’une jeune femme dépressive, Miranda (Selma Blair et son mythique regard noir). Moins subversif, moins rugueux, et plus lisse que ses autres films, Dark Horse se situe d’avantage dans le registre du conte, avec une touche d’humour noir façon Robert Altman. Solondz emprunte un chemin qu’on ne lui connaissait pas forcément : celui de l’émotion. La mise en scène pop’art totalement fantasmée du cinéaste ajoute à cette fable une pure mélancolie, des instants de spleen intense. Un véritable tour de force où Solondz est passé maître quand il s’agit par le contraste de rendre un personnage absolument pathétique séduisant. Abe, malgré sa naïveté et son insouciance presque ridicule, ne peut que nous toucher, car il s’agit là d’un vrai personnage de cinéma : Solondz est parvenu à incarner avec son univers féérique à la fois les espoirs de son héros, et ses désillusions.Récreer une pérception par la mise en scène. Au départ présenté comme un film léger, Dark Horse se révèle au final extrêmement ténébreux, presque dépressif. Et c’est le personnage très noir de Miranda, face au regard infantile d’Abe, qui fait figure de morale. Une vraie tragédie pour cinéphile.

 

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