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24 novembre 2011 4 24 /11 /novembre /2011 21:15

                                                               http://www.candidatarien.com/wp-content/uploads/2011/10/drive-gosling-hallway-full.jpg

Drive (2011), réalisé par Nicolas Wining Refn

 

     Il y a généralement dans la carrière d’un cinéaste, et plus globalement d’un artiste, une œuvre charnière qui le fait passer au stade de la maturité. C’est précisément le cas de Drive, le tout nouveau film du prodige danois Nicolas Winding Refn.

     Refn (à prononcer comme bon vous semblera) possède un parcours assez atypique, mais non moins constant dans son approche thématique et formelle (bien que nous verrons sur ce dernier point certaines divergences). D’abord il y a Pusher – sorte de descente aux enfers scorsesienne dans la mafia danoise. Premier film, premier coup de poing assené en plein dans le ventre, qui sera suivi par deux autres uppercuts avec Pusher 2 et 3, réalisés quelques années après. Avec trois chef d’œuvres et une poignée d’applaudissement en poche, Refn file en Grande Bretagne et décide de réaliser deux films beaucoup plus radicaux visuellement, Bronson et Valhalla Rising  – mais toujours avec cette même approche de la violence, très crue et réaliste, qu’il filme comme une incarnation de la volonté humaine. Bien que de véritables coup de maitre de mise en scène, les deux films pêchent par leur approche presque expérimentale, délaissant une certaine substance et surtout une émotion. On aurait pu alors craindre un (mauvais) virage pris dans la carrière de ce surdoué de l’image, qui privilégierai alors totalement la forme au fond. Une sorte de syndrome Coppola, beaucoup de talent pour au final pas grand-chose. 

     Pour son premier film outre-atlantique, Refn choisit de rendre hommage à tout un pan de la culture américaine des 80’s, à savoir la grosse industrie bodybuildée, le film de bagnole, la série b tarte à la crème et mandarine, qui a vu naitre des noms comme Arnold Schwarzenegger, John McTiernan ou encore Paul Verhoeven. L’intelligence de Refn est ici de détourner tous les codes d’un genre devenu aujourd’hui bien moins fun qu’autrefois, de se les approprier afin de créer sa propre sauce. Cela nous donne avec Drive un film assez étrange, où Refn a enlevé de la soupe quelques croutons pour y ajouter des légumes (c’est meilleur pour la santé), qui joue sur une sorte de dualité entre sa première et sa deuxième partie.

     Drive, c’est l’histoire d’une sorte de Docteur Jekyll et Mr Hyde, garagiste le jour et chauffeur pour gangster la nuit. Sa vie va prendre un tournant tout à fait étonnant à la suite de sa rencontre avec sa très jolie voisine de palier. La première partie du film est l’histoire de cette rencontre. Refn projette à l’écran un monde totalement irréel, incarné au possible, à l’image de son héros – véritable romantique désabusé qui vit en marge de la société de par son côté idéaliste. Image clipesque, ralenti, musique ; cette sur esthétisation renvoie ainsi à cette plénitude amoureuse que Refn brise d’un coup d’un seul au milieu du film. Le mari de la voisine sort de prison, et notre Driver se retrouve mêlé à une sombre affaire de mafia. Refn rompe alors avec sa mise en scène, pour revenir au cinéma plus réaliste et violent de Pusher. La gueule d’ange de Ryan Gosling qui envahissait l’écran se retrouve à partager l’affiche avec une galerie de visages délabrés. On retrouve notamment Ron Perlman, célèbre pour son rôle dans Le Nom de la Rose de Jean-Jacques Annaud ou encore Bryan Cranston le père de famille cancéreux de Breaking Bad ; et même la sublime Christina Hendricks arrive à être laide et vulgaire. On regrettera l’absence du génial Mads Mikkelsen, pourtant acteur fétiche de Refn. Drive est ainsi une sorte d’hybridation entre les deux visions du cinéma de Nicolas Winding Refn : l’incarnation et la désincarnation, qui semble ici cependant un peu poussive. 

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commentaires

Z
Je voulais le voir ce film. Je me désole d'avance de la manière dont je vais arriver mes fins, maintenant qu'il n'est plus en salles...
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